Multiples et variées sont les suggestions qui ont été faites ici et là pour mettre en valeur le site de la ZAC St Martin et la Bastide. Les membres de l'ASPC n'ont pas été les moins imaginatifs, très loin de là et avant même que l'association ne voie le jour. Certaines de leurs propositions ont été largement reprises par les uns et les autres.
Rappelons que la ZAC était destinée depuis 1993 " pour répondre à un besoin en matière de logement, d'activité économique et d'équipement public ". Réduire cette ZAC à la seule activité économique, de surcroît de type commercial, ne répond donc pas à la destination souhaitée.
Les suggestions ci-dessous respectent les objectifs visés par l'ASPC.
1/ une école hôtelière de haut niveau pour répondre aux larges besoins des milieux professionnels locaux et régionaux et établir une liaison toute particulière avec Mougins, ville "de luxe et de prestige" qui développe depuis deux ans un coûteux festival de la gastronomie. La Bastide deviendrait le centre nerveux de l'école, hébergerait un restaurant au cachet indéniable dont la carte mettrait en valeur les produits authentiquement locaux des jardins et vergers établis autour du bâtiment ou ceux de la bastide des parfums toute proche. Des ateliers seraient ouverts au public, quelques boutiques proposeraient des produits recherchés ou à découvrir (le vin de Pibonson, p.e.).
Ce projet serait une affirmation de cette image que Mougins tient tant à offrir à ses hôtes, très éloignée d'un label pléthorique de type super centre commercial. Les produits proposés, les mets confectionnés feraient dire aux convives "bon appétit" au lieu de "bonne chance" car, contrairement à ce que de plus en plus ouvertement on dénonce dans l'alimentation et la restauration, c'est la qualité et non la quantité qui serait le fil conducteur d'une telle implantation et l'on sait combien il est essentiel, dans l'économie de demain, de se démarquer en visant l'originalité, l'imagination, le savoir-faire.
2/ un lycée professionnel de type "zéro énergie" destiné à former des élèves dans les domaines des énergies non polluantes et durables de l'habitat individuel et collectif, cette formation anti-chômage répondant à une très large attente locale et régionale. Actuellement, on recense 11 licences et 5 masters ayant un intitulé relatif aux énergies renouvelables. Depuis 2006 existe une licence "énergies éolienne et photovoltaïque" à Aubenas (Ardèche) mais, en 2008, on y a refusé du monde par manque de places. "En termes de métiers, les thermiciens de niveau ingénieur restent très recherchés ainsi que les techniciens chargés de la mise en place concrète des installations, qu'il s'agisse des panneaux solaires ou des pompes à chaleur" (Le Monde, 7.10.08). La Bastide pourrait alors devenir le centre administratif de l'établissement, symbole de la valeur de la durée dans le temps mais aussi de la qualité du travail ! Cette Bastide, en effet, tient debout depuis plus de 500 ans !!
Nous estimons, en effet, que c'est par l'éducation et la formation que notre région et notre pays se distingueront d'une globalisation effrénée et que c'est par le haut qu'il leur faudra sortir. Mougins est une ville riche et déjà tournée, par le pôle de Sophia Antipolis qu'elle englobe en partie, vers l'avenir. Réduire le développement de ce quartier à une banale zone commerciale pour récupérer des taxes professionnelles supplémentaires nous semble être une vision à court terme et la doter, comme au family village de Ruaudin (72) d'une fontaine "qui fait penser à celle du château de Versailles", est un bien piètre décor de cinéma.
3/ d'autres projets sont également imaginables et réalisables qui non seulement protègeraient la Bastide mais en feraient le phare de la ZAC :
- zone artisanale qui permettrait de donner satisfaction aux nombreux demandeurs. Le "plombier polonais" et tout autre artisan qualifié et fiable ne manqueraient pas de clientèle ! La Bastide étant tout
sauf un hangar abriterait, outre les bureaux des artisans représentés et davantage soudés entre eux, un lieu d'exposition de travaux réalisés et réussis.
- logements qui retiendraient la population et la rapprocherait de son lieu de travail, participation non négligeable à une réduction des transports et à une amélioration de la qualité de vie. La Bastide abriterait les communs de ces logements : syndic, salle de réunion, ateliers pour jeunes ou parents...
- sans qu'il soit nécessaire de regretter, une fois de plus, l'incroyable erreur commise d'avoir refusé le projet de Musée de Fieder Burda (construit depuis à Baden Baden et qui a remporté en 2007 le convoité Prix PRO EUROPA - un an avant l' Espace d'Art Concret à Mouans-Sartoux), un "quartier de créativité" comme existent ailleurs des "quartiers de musées". Mougins n'a t-elle pas hébergé Picasso, Picabia, Gottlob, Villers et combien d'autres méconnus et oubliés de génie ? L'école de musique déjà trop petite y serait abritée, la salle de spectacles, tant attendue, y serait implantée. Le musée déjà évoqué par le nouvel adjoint à la culture y verrait le jour puisqu'il "doit rivaliser" avec celui de F.Burda...et on pourrait, dans la Bastide, déposer et montrer ces fameux vestiges romains encore partiellement enfouis. " Voici venu le temps d'affirmer que l'inutile crée de l'utilité, que la gratuité crée de la richesse, que l'intérêt ne peut exister sans le désintéressement " (Bernard Maris, économiste). Un lieu dans lequel la Vie, la Réflexion, l' Emotion seraient présentes.
Ces quelques suggestions - qui ne sont pas exhaustives - iraient, par ailleurs, dans le sens des placards publicitaires initiés par Mougins : "je donne du repos au bruit", "je protège ma ville, je protège ma vie" ou "je respecte mon air si précieux"...sans oublier que la médaille remise par M.Hulot trouverait avec la réalisation de ces projets sa véritable raison d'être.
Bien entendu, certains imaginent d'autres solutions : celle de déplacer et réduire le cube ikea ou autre enseigne pour protéger la bastide. Une autre, d'intégrer la bastide dans l' enveloppe d'un espace commercial, ikea ou autre, conception qui serait particulièrement valorisante pour l'architecte mais aussi pour la bastide bien que mise en boite ou sous cloche, comme on le voit à la gare de Strasbourg ou à Berlin. Dans les deux cas, les détracteurs diront - et nous leur donnons entièrement raison - que la qualité de vie des riverains continuera d'être profondément atteinte au profit d'une conception dépassée de l'économie mais ... la BASTIDE serait sauvegardée.
Et si, autour de cette bastide, on plantait tout simplement des arbres, réponse concrète aux volontés de notre Ministre, M. Borloo, qui demande qu'on restaure les forêts ... africaines ?
Et si le propriétaire du bâti, alors classé ou inscrit, décidait tout simplement, sous un titre ou un autre, d'occuper la Bastide et de la fermer au public en appliquant tout simplement le compromis de projet de Budget 2009 qui confirme l'avantage fiscal consenti aux propriétaires de monuments historiques non-ouverts au public ??? Avantage fiscal non négligeable puisque " les propriétaires concernés pourront toujours déduire de leur revenu imposable l'ensemble des sommes, sans limite (plafond) qu'ils investissent pour rénover leur bâtisse ". (information FNASSEM)
NB : les photos sont destinées à illustrer les propos tenus et ne sauraient représenter des réalisations existantes sur le site de St Martin. ("Musée-estomac" à Graz, Autriche - Observatoire de Nice - cafétéria universitaire de Vienne, Autriche - Spectacle de danse à Nice)